Les influenceurs vous influencent-ils ? | Etourisme.info
Pour certains, le marketing d’influence et les influenceurs seraient une tactique déjà désuète. Voici quelques leçons d’un récent flop sur Instagram.
Par Frédéric Gonzalo –Je lisais récemment un article disant que le marketing d’influence, les influenceuses et les influenceurs, c’était mort en 2019. Le saviez-vous? La preuve la plus récente: une influenceuse comptant plus de 2 millions d’abonnés ne serait pas même parvenue à vendre 36 t-shirts. Imaginez!
Chronologie d’un flop annoncé
Bon, commençons par décortiquer ce cas d’espèce ensemble, si vous le voulez bien. Il faut déjà savoir que l’influenceuse lifestyle @arii compte plus de 2 millions d’abonnés sur Instagram. Récemment, elle a lancé une nouvelle ligne de vêtements et invité sa communauté à acheter en ligne son nouveau modèle de t-shirt. Résultat? 36 commandes!
Vous vous doutez bien que la demoiselle n’était pas contente du résultat, et l’a fait savoir dans une publication depuis retirée. En bref, elle en voulait à sa communauté de ne pas l’avoir supportée en achetant ses t-shirts alors que plusieurs l’avaient pourtant promis. Hon!
Il n’en fallait pas plus pour que Twitter, Instagram et la blogosphère s’empare du phénomène et le tourne en dérision. Imaginez, une soi-disant influenceuse avec 2 millions d’abonnés qui ne parvient pas à vendre 36 t-shirts! Vous et moi pourrions probablement vendre 36 t-shirts uniquement avec notre réseau de parents et amis, non?
Ce cas illustre à merveille, selon moi, ce qui cloche avec le marketing d’influence, mais surtout les attentes démesurées qu’on peut avoir face à cette (relativement) nouvelle tactique dans nos communications marketing.
J’en déduis cinq apprentissages pour les marques en tourisme:
1. L’illusion du nombre:
C’est le plus gros problème qui guette les destinations, hôtels, restaurants et attraits quand vient le temps de travailler avec un ou une influenceuse. Wow, 2 millions d’abonnés! Et alors? Bref, le nombre d’abonnés ici tend à créer de fausses attentes. Il s’agit d’un seul indicateur, mais pas forcément le plus important.
Dans certains cas, il vaut mieux regarder le niveau d’interaction (engagement) de la communauté, ou évaluer s’il s’agit d’une niche très précise, très pointue, qui sied mieux à nos efforts de communication.
2. Les fausses attentes:
Justement, on pense que parce que 84,762 personnes ont aimé ou commenté une publication que forcément ces interactions vont se transposer en ventes directes par la suite? Erreur.
Il est ultra-facile de solliciter un click ou un “j’aime”, mais il est autrement plus difficile de mener l’utilisateur à sortir la carte de crédit et passer à la transaction. Et on ne parle même pas des faux abonnés et fausses interactions, qui viennent souvent brouiller l’image.
3. Mauvais alignement:
Dans ce cas précis, certains utilisateurs ont relevé avec justesse que @arii publiait d’habitude des photos avec un tout autre style vestimentaire. En d’autres mots, que le t-shirt qu’elle cherchait à vendre ne correspondait pas à sa base d’abonnés. Une erreur qu’on voit aussi régulièrement dans certaines campagnes d’influenceurs en tourisme…
Une influenceuse très populaire auprès des 13-20 ans, dans un créneau mode, par exemple, n’est peut-être pas la personne toute désignée pour mousser une Les influenceurs vous influencent-ils ? | Etourisme.info
Mieux écrire pour être mieux lu | Etourisme.info
Par Jérôme Leclair –Je m’éloigne aujourd’hui de préoccupations purement numériques pour parler de langue française. Je travaille actuellement à la relecture de contributions diverses pour une publication. Ceci m’a amené à m’interroger sur notre usage de la langue. On le sait mais on ne le dira jamais assez : la rédaction web ne répond pas tout à fait aux mêmes règles que l’écriture pour le “print”.
Certains principes s’appliquent afin de concevoir des contenus adaptés aux différents médias. Le rendu sera ainsi plus attrayant.
On ne cesse de préciser qu’orthographe et grammaire sont essentielles. Néanmoins c’est surtout pour dire que “il ne faut pas faire de fautes, l’image de marque est en jeu”. Mais encore?
Soyons plus pédagogue ! Rappelons que notre langue est suffisamment complète (on lui reproche assez le nombre de ses règles) et notre lexique riche pour avoir une écriture fluide, précise et agréable.
Qu’il me soit donc permis de chausser ma casquette de Maître Capelo car il serait de bon aloi que nous y pensassions.Reprenons quelques-uns des fameux principes de l’écriture pour le web.
- Un titre accrocheur
- Être court et direct
- Divertir et inspirer
Or très vite pour appliquer ces préceptes, les abus et tics de langage se multiplient. In fine, tout le monde rédige de la même manière sur ce qui le rend unique. C’est “juste dingue”, n’est-ce pas?
On sait qu’il est difficile de retenir l’attention du lecteur au-delà des premières lignes. C’est ce qui explique l’importance du titre. Toutefois, je ne trouve rien de plus horripilant qu’un titre superfétatoire. C’est le cas particulièrement sur Facebook avec des titres tels [Sport], [Culture], [Événement], etc. Une image accompagne votre contenu. Accrochez donc le lecteur sur ce que l’image ne dit pas. Car si vous avez besoin de préciser que vous parlez de sport, il y a déjà un problème.
Des paragraphes courts facilitent la lecture… à condition que ces paragraphes ne soient pas constitués que d’une phrase. Le verbe représente l’action de la phrase. Une phrase courte et directe consiste en un verbe, son sujet et son complément. Une succession de phrases courtes est plus dynamique. Une idée = un verbe = une phrase.
Pour être inspirant, il faut être inspiré. Diversifier le champ lexical que vous utilisez vous permettra d’être aussi original que le produit que vous présentez.
Concrètement, voici comment cela se traduit dans les contributions que je traite. Passons en revue certaines maladresses voire écueils lus.
Pourquoi faire court si on peut faire long ?
Point de faute dans certaines formulations. Toutefois, on croit utile d’en rajouter une louche pour que la formule porte son effet. Les verbes venir et faire représentent dans ce cas un handicap. « Venez-nous rejoindre… » « Faites une visite… ».
Dans le premier cas, l’invitation sera plus directe en mettant l’impératif sur l’action qui importe : « Rejoignez-nous… ».
Dans le deuxième cas, le nom devient un verbe et ainsi on entre dans le cœur du sujet en raccourcissant par : « Visitez… »Bref plus c’est long, moins c’est bon car si la formule est plus longue, la pensée n’en est pas plus riche.
C’est « sur », c’est imprécis.
Voilà un tic de langage qui tient la corde : multiplier les cas d’utilisation de la préposition « sur » alors que d’autres prépositions plus précises existent. « Je travaille sur Toulouse » (à) ; « Nos offres sur la région » (dans) ; « Dirigez-vous sur la commune voisine » (vers).
Les “plaies”onasmes.
Je passe sur les omniprésents « au jour d’aujourd’hui » et « voire même ». Concentrons-nous sur les formules plus courantes dans l’industrie touristique.
« Réserver à l’avance » : si quelqu’un a pu réserver ultérieurement, qu’il me prévienne. Et si vous avez « un imprévu de dernière minute », vous pourrez « reporter votre séjour à une date ultérieure ».
Vous avez compris le principe, je vous laisse compléter la liste en commentaire. J’applaudirai des deux mains (parce qu’avec une seule, c’est moins facile).
C’est juste, donc ce n’est rien de plus.
« C’est juste énorme »
Qu’elle m’agace cette expression ! Nous sommes devant l’exemple type du faux-ami traduit de l’anglais. L’anglais possède des formules très concises et dynamiques à l’image de ce « I’ll be just fine ».
Or en reprenant à notre compte dans la langue française ce « juste » on en change le sens… et on l’utilise à contre-sens.
Juste (en français), c’est exact, précis, ajusté. Donc quand on assiste à un concert spectaculaire, un spectacle éblouissant, une performance étincelante, ce n’est pas juste énorme. C’est bien plus !
Si c’est juste, alors il n’y a pas de débordement de passion. Il n’y a pas de foisonnement des sentiments.
Et franchement, « énorme »… c’est une peu court jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme. En variant le ton…Alors, j’entendrai certainement que mon propos est élitiste. Je ne suis pourtant pas dans cette posture. Je suis pleinement conscient qu’aujourd’hui orthographe et grammaire ne sont pas tant un enjeu pour la qualité de nos écrits qu’un outil de sujétion des sachants sur les autres. Vraiment ? Clouer au pilori des candidats parce qu’une ou quelques coquilles se sont glissées dans une candidature, c’est normal ?
Il y a pourtant dans la langue des enjeux majeurs. De manière surprenante, j’en retiendrai deux dans le cadre du management du travail pour conclure cet article. D’une part il y a une part nécessaire de temps de travail qui doit être réservé à l’écriture. L’explosion des réseaux sociaux nous a poussé vers l’immédiateté. La multiplication des taches dans les entreprises nous pousse à rédiger de plus en plus vite. Or ce temps de réflexion nécessaire à la rédaction, à poser nos idées s’est perdu. Le flou prend le dessus par un appauvrissement de l’écriture. Le marketing expérientiel a tout à gagner de l’apprentissage de la nuance.
D’autre part, construire ensemble au sein d’une équipe permet un enrichissement du discours. Une organisation moins pyramidale des missions de communication est souhaitable dans l’entreprise. Responsable de la communication, j’ai besoin de passer du temps à faire dire les choses par mes collègues directement en charge des dossiers car ils ont le vécu, ils ont les expressions qui sont propres à leur métier, à leur dossier en cours, etc. J’accouche sur le papier (ou internet) le travail des autres.
Communicants, nous ne sommes pas les gardiens d’un temple mais les passeurs de rêves que d’autres ont créés.
Le locatourisme comme solution au dérèglement climatique et (surtout) à la morosité… | Etourisme.info
Le Locatourisme vu par Joël Henry, voaygeur de proximité qui ne se prend pas au sèrieux. Une façon de se recentrer sur son environnement
Par Jean-Luc Boulin –Je viens de découvrir les thèses de Joël Henry, alsacien moustachu, ancien journaliste et créateur du Laboratoire de Tourisme Expérimental.
A une époque de recentrage des activités touristiques dans son environnement immédiat, ses écrits (pas si récents) prennent une consonance particulière. Et on se demande si derrière son coté loufoque, il n’a pas raison?L’opus majeur de l’oeuvre de Joël Henry est ce document au format PDF accessible en ligne sous l’intitulé “Du Locatourisme“. Je vous propose de découvrir ce disciple de l’humour absurde.
Tracez un cercle de 169 km autour de vous
Si le locavorisme prône la consommation de nourriture produite dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres maximum autour de son domicile, le locatourisme s’appuie un cercle de 161 km de rayon autour de votre maison pour aller expérimenter des vacances de proximité. Cela tombe bien, cela représente la taille de l’Autriche, et comme le dit Joël Henry “chaque année, des millions de touristes rentrent enchantés de leurs vacances en Autriche”.
Vous avez donc au-dessus de votre bureau ou de votre lit la carte représentant l’aire de vos futures pérégrinations : 160 km autour de votre domicile, représentant votre AP (Autriche Personnelle). Evidemment, si vous habitez à la Pointe du Raz, cette Autriche sera assez maritime…
Mais si vous êtes à Clermont Ferrand, votre terrain de jeu va donc jusqu’à la Souterraine, Bourges, Le Creusot, Rodez ou Sarlat La Canéda. Il y a donc fort à faire…
Le guide pratique du Locatourisme est construit autour de cinq rubriques aussi hilarantes les unes que les autres : “se déplacer, se nourrir, s’héberger, quoi faire en vacances, shopping : que rapporter, et financer son voyage”.
Je vous propose quelques perles de cet ouvrage.
Propositions de marche expérimentale
On l’aurait parié, “les déplacements des locatouristes se feront de préférence par des modes de transport doux“. La marche y tient une place importante. Nous aurons relevé la marche nuptiale, qui se dit “d’un voyage de noces quand il est effectué à pied (et en tenue de marié·e)” et surtout l’excellente marche de Noé qui consiste à “se promener dans un zoo par une pluie battante”.
Mais le locatourisme est propice à de nombreuses expériences que les offices de tourisme pourraient recycler en produits facilement . Ainsi la marche apéritive qui consiste “à prendre, seul ou à plusieurs, l’apéritif en marchant“.
L’expédition polaire est plus connectée : il suffit de taper “pôle” suivi du nom de sa jetez-vous sur ce léger opuscule, et prenez autant de plaisir que moi à parcourir ces bons mots du tourisme que Pierre Desproges himself aurait facilement repris à son compte.
Vive le locatourisme !