Télétravail, le retour

Du nouveau à la CPPNI : la commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (sorte de super Commission Sociale des branches professionnelles) est désormais présidée, pour les agences de voyages, par Monsieur Morgan Butty, Vice Président RH Global de CWT.

Il succède à Charles de Vivie, DRH chez KUONI, qui a quitté la branche des agences de voyages pour un grand groupe de presse.

Dès sa première réunion, le 2 février dernier, Morgan Butty a souhaité engager très vite les partenaires sociaux à négocier un accord de branche sur le télétravail…

Curieux pour la délégation CFTC sachant que chez CWT France, filiale qui fait partie de son périmètre, la Direction de l’entreprise refuse obstinément depuis des mois de signer tout accord de télétravail global !

Bref…

La CPPNI agences de voyages et tourisme avait déjà tenté, voilà 3 ans, de négocier un accord de branche sur ce thème du télétravail. Malheureusement l’écart était trop grand, entre demandes (exigences?) des organisations patronales et attentes des organisations syndicales 

Trois ans… Autant dire une éternité !

Le télétravail n’est plus seulement un mode d’organisation du travail, il est devenu depuis un an un outil de lutte contre la pandémie dont souffre le monde entier.

L’arrivée de la Covid19 et des protocoles sanitaires, mais aussi d’un nouveau Président de la CPPNI, remet le télétravail au centre des futures négociations de la commission.

Il ne sera pas simple de mettre en musique les attentes et les craintes des uns et des autres. En effet, même si, aujourd’hui, la démonstration est faite de la possibilité et de l’efficacité du télétravail – y compris dans tous nos métiers -, les expériences de ces derniers mois n’ont pas fait que des heureux parmi les salariés, même ceux qui travaillaient déjà à domicile auparavant.

Au regard des retours de ces derniers mois, il faudra prendre en compte le complet revirement de la situation : ce sont désormais les entreprises, dans leur majorité du moins (…) qui poussent à la signature de ces accords de télétravail. Les salariés, eux, échaudés par l’expérience, doutent, freinent, voire refusent.

La question des contreparties est évidemment au cœur du sujet, pour éviter le transfert de certains coûts vers les salariés sans prise en charge par les entreprises.

Mais nous pensons surtout que le télétravail N’EST PAS un simple changement de décor avec la même organisation.

Nous défendons les attentes de flexibilité des salariés, les problèmes de charge mentale, de charge de travail, de déconnexion et d’équilibre des temps de vie.

Cela passe par une formation des futurs e.managers aux spécificités du travail à domicile. Ils seront amenés non plus à gérer du temps de présence mais de l’activité.

Il faudra tordre le cou au présentéisme, ainsi qu’au manque de confiance, être vigilants sur les pratiques de surveillance, accentuées ces derniers temps par des managers réticents qui « subissent » le télétravail de leurs équipes plutôt que d’en saisir les opportunités en termes de productivité.

Le tracking, l’hyperconnexion et ce que les américains appellent la « Zoom fatigue » sont les nouveaux fléaux du télétravail post-Covid19 et l’accord de branche devra poser un cadre pour éviter certaines pratiques et leurs conséquences en termes de conditions de travail.

Un autre exemple tout bête mais significatif : il est midi !

Au bureau ou à l’agence, je vais à la cantine ou au troquet du coin, voire je déballe mon Bento (ma gamelle, en vrai…).

A la maison, direction la cuisine pour préparer le repas. Et là, les 30/40 mn habituelles ne suffisent plus. C’est bête mais c’est mathématique et imparable : il faut repenser les temps d’activité et l’organisation de la journée dont les rythmes sont très différents et à la maison ou dans l’entreprise !

L’Accord National Interprofessionnel (ANI) de novembre 2020 sur le télétravail, signé par la CFTC, fixe un cap, une feuille de route, qui sera très utile.

À nous, négociateurs de l’adapter aux spécificités de nos métiers en tenant compte des constats des 12 derniers mois.

Ophélia Dufort Kleinprinz

Béatrice Schwob

https://www.cftc-transports.com/en-avant-le-dernier-1

INFO EUROPE 1 : 36% des salariés qui télétravaillent regrettent leurs bureaux

Post d’Europe 1 ce matin, très intéressant : résultats d’une étude réalisée par « Paris Workplace » , qui rejoint ce que nous craignions, chez CFTCAVT : les effets pervers du télétravail non encadré.

         Le télétravail, OUI, mais à temps partiel, c’est mieux !

A méditer fortement à l’aune des négociations à venir.

 

 

 

 

Si le télétravail séduit de plus en plus d’entreprises et de salariés, ces derniers n’y trouvent pas forcément leur compte. En cause, l’absence de contact humain avec leurs collègues ou encore une crainte plus forte de se voir licencié, selon une étude Paris Workplace dévoilée mercredi par Europe 1.

Dans les entreprises qui intègrent des métiers que l’on exerce dans un bureau – et que l’on peut donc faire aussi chez soi -, le télétravail est la tendance à la mode, quelques jours par semaine. Pourtant, pour les salariés qui le pratiquent, ce n’est pas toujours idéal, selon l’étude Paris Workplace qu’Europe 1 dévoile mercredi. Les télétravailleurs regrettent parfois les interactions avec leurs collègues.

« Mes collègues me manquent »

Les 1.600 salariés interrogés ont testé les deux formules : travailler dans les tours de bureaux de La Défense, près de Paris, et travailler chez eux. Et malgré le confort de leur salon, 36% d’entre eux regrettent leur open space. Ce qui leur manque le plus, ce sont les relations humaines.

>> De 5h à 7h, c’est « Debout les copains » avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l’émission ici

« Je déteste la Défense, je n’ai pas choisi d’y venir », explique une salariée dont l’entreprise a déménagé six mois plus tôt. « J’ai tenté le télétravail mais mes collègues me manquent. On est vraiment seul, livré à soi-même. Là, si j’ai un problème, je pousse la porte d’à côté. » « Si tous les gens télétravaillent, le contact humain qu’on peut avoir en entreprise, on ne l’aura plus », regrette un autre. « Je préfère voir les gens plutôt que de les entendre », renchérit un troisième au micro d’Europe 1.

Des télétravailleurs qui se jugent moins performants

En moyenne, les télétravailleurs disent s’ennuyer davantage que les autres et se jugent moins concentrés. Selon l’étude Paris Workplace, ils s’attribuent en moyenne la note de 7,4/10 pour leur performance, contre 7,6/10 en moyenne pour les autres salariés.

Une plus forte crainte du licenciement

Mais le plus étonnant, c’est la crainte de se faire licencier, qui est trois fois plus forte chez ceux qui font du télétravail. « On résume ce phénomène par ‘loin des yeux, loin du cœur' », explique Aude Grant, directrice générale adjointe de SFL, le cabinet qui a commandé cette étude. « Le télétravail diminue l’engagement et le sentiment d’appartenance à l’entreprise. C’est plus une question, pour les entreprises, de maintien de la performance du salarié malgré la mise en oeuvre de ce télétravail. » Il faut donc varier les plaisirs. Voilà pourquoi la plupart des entreprises limitent le télétravail à deux jours par semaine.

Source : INFO EUROPE 1 : 36% des salariés qui télétravaillent regrettent leurs bureaux